Baden, articles de
Dans le Jura catholique, les Articles de Baden vont engendrer une crispation politique grave. Dès le mois d'avril 1835, une opposition résolue se manifeste dans les districts de Porrentruy, Delémont, Franches-Montagnes et Moutier. Elle est soutenue par le clergé et appuyée par l'aile modérée des libéraux (conduite par le conseiller d'Etat François-Joseph Vautrey et disposant d'un organe de presse, L'Ami de la Justice, rédigé par le vicaire Jacques Spahr de Porrentruy). L'adoption par le Parlement des articles de Baden dans sa séance du 20 février 1836, contre l'avis du Conseil-exécutif, provoque un vif mouvement de protestation populaire. L'Ami de la Justice dénonce le schisme imposé aux catholiques ; des « arbres de religion » se dressent devant les églises ; des slogans hostiles aux autorités et à l'Etat de Berne sont proférés et affichés. Craignant une insurrection, le Grand Conseil décide, le 8 mars 1836, l'occupation militaire du pays. Trois préfets sont révoqués ; le curé de Porrentruy et ses vicaires sont mis sous mandat d'arrestation et les scellées sont apposés sur l'imprimerie catholique. Les chefs de l'opposition catholique s'adressent alors à l'ambassadeur de France qui envoie, le 30 juin, un ultimatum aux autorités bernoise. Celles-ci sont sommées de retirées les dispositions arrêtées à l'encontre des districts jurassiens dans les quarante-huit heures, sous menace d'invasion militaire. Le 2 juillet, le Grand conseil bernois accepte de remettre l'application de son décret du 20 février à la suite de pourparlers avec le St-Siège. Ces derniers n'auront en fait jamais lieu et les Articles de Baden resteront lettre morte.